Héritage d’un brassage culturel ancien, mêlant conquête romaine, invasions vikings et domination anglaise, le Département de la Manche n’est toutefois officiellement né qu’en 1790. C’est en effet au lendemain de la Révolution française, le 22 décembre 1789, que l’assemblée constituante vote une loi instaurant la division de l’ancien royaume de France en 83 départements. On donne alors à cette péninsule le nom de «La Manche», empruntant alors le nom du bras de mer dans lequel elle s’avance.
Les Conseils généraux apparaissent quelques temps après, en mars 1790. D’abord élus par une poignée de citoyens versant le cens électoral, ils sont ensuite nommés directement par le gouvernement. Il faudra attendre le 3 juillet 1871 pour que l’élection au suffrage universel soit instituée. Toutefois, jusqu’à la loi de décentralisation du 2 mars 1982 (dite loi Defferre), le préfet est à la fois le représentant de l’État dans le département et l’exécutif départemental, le président du Conseil général ayant alors comme unique tâche de diriger les débats de l’assemblée départementale. Cette situation cessant en 1982, le président du Conseil général est aujourd’hui l’élu qui dirige l’ensemble des services départementaux et fixe les orientations politiques. Aujourd’hui, le Conseil général dispose de l’autonomie administrative, de son propre personnel et de son propre budget, avec un pouvoir de décision qui s’exerce par délibération au sein d’un conseil de représentants élus.
Il dispose de ses compétences propres de proximité, qui s’étendent sur quatre grands domaines d’actions : l’action sociale et sanitaire ; l’aménagement de l’espace et l’équipement ; l’éducation, la culture et le patrimoine ; l’action économique. Il est à la fois acteur de la modernisation du territoire, par la transformation de ses infrastructures liées au transport ou au numérique, et garant de la solidarité. Il participe donc à la croissance de l’économie, au développement du rayonnement culturel, à la vie sportive ou touristique.
De nombreux personnages illustres ont siégé au Conseil général de la Manche au cours de son histoire. Parmi eux, citons deux célébrités universelles :
1. Alexis de Tocqueville tout d’abord, politique, historien et écrivain, célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l’évolution des démocraties occidentales en général (1849-1851).
2. Urbain Le Verrier, astronome et physicien, découvreur de Neptune, qui accéda lui aussi à la présidence de l’assemblée départementale de 1852-1854 et de 1858-1870.
Depuis la Libération, cinq présidents se sont succédé à la tête du Conseil général de la Manche :
3. Daniel Cuche (1945-1946),
4. Henri Cornat (1946-1968),
5. Léon Jozeau-Marigné(1968-1988),
6. Pierre Aguiton(1988-1998),
7. Jean-François Le Grand (1998 à 2014).
29 juillet 1805 : Naissance d’Alexis de Tocqueville
Charles Alexis Henri Clérel de Tocqueville est un penseur politique, historien et écrivain Français. C'est une des grandes figures du libéralisme. Il fut aussi un grand voyageur: Italie, Angleterre, Algérie....Méfiant, envers un état omnipotent, "immense et tutélaire", son oeuvre est centrée sur la tention permanente entre liberté et égalité.
Tocqueville naît à Paris le 29 juillet 1805 d’une famille légitimiste de la noblesse normande qui compta parmi ses ascendants Malesherbes et Chateaubriand. Il fréquente le collège de Metz. De 1820 à 1826, il fait ses études de droit et est nommé juge auditeur à Versailles en 1827. Il décide d’aller étudier le système carcéral américain, modèle possible pour remplacer le vieux système français mais, en fait, comme le révèle sa correspondance, il entend examiner le système politique.
Il obtient en 1835 un prix Montyon pour son livre La Démocratie en Amérique. Député de 1839 à 1851, il est ministre des Affaires étrangères en 1849, et est incarcéré pendant quelques jours suite au coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851. Il rédige L’Ancien Régime et la Révolution, dont le début paraîtra en 1856. Il y juge la noblesse française, qui n’a pas su s’adapter comme l’avait fait la noblesse britannique. En 1857, il voyage en Angleterre pour préparer une suite à l’Ancien Régime et la Révolution, mais n’a le temps que de rassembler des notes. En octobre 1858, il part avec sa femme pour Cannes où il meurt de la tuberculose. Il est enterré au cimetière de Tocqueville (Manche).
Extrait de De la démocratie en Amérique, vol II (Quatrième Partie : Chapitre VI)
« Quelle espèce de despotisme les nations démocratique ont à craindre.
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde ; je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leur âme. Chacun d’eux retiré à l’écart est comme étranger à la destinée de tous les autres ; ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine …
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leurs jouissances et de veiller sur leur sort. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril, mais il ne cherche au contraire qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu’ils ne pensent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ! »
Bibliographie :
Les œuvres de Tocqueville sont disponibles en format de poche (Garnier-Flammarion, Folio, Press-Pocket) ou dans la Pléiade (Gallimard). MELONIO Françoise. Tocqueville et les Français. Histoires. Aubier. 1993 BENOIT Jean-Louis. Tocqueville : Un destin paradoxal. Tempus. Tallandier. 2013
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